De l'uniforme militaire à la blouse d'artiste peintre (Cliquez ici pour voir l'article en ligne)
dimanche 31.01.2010, 05:07 - PAR ÉMILIE SKRZYPCZAK
Avec ses fresques pédagogiques, Natacha a remis de la couleur à l'hôpital, et dans les coeurs... PHOTO DIDIER CRASNAULT | UN VISAGE, UN JOUR |
Ouvrir son entreprise de déco après une carrière à l'armée, impossible ? Pas pour Natacha Kolacinsky. La Somainoise l'a fait. Sa spécialité ? La fresque pédagogique. À l'hôpital de Valenciennes, elle en a recouvert les murs.
De l'armée à la peinture, il n'y aurait qu'un pas ? Natacha Kolacinsky l'a franchi, il y a deux ans. Après avoir passé dix ans comme agent d'opération à la base aérienne de Cambrai, elle a décidé de revenir vers ses premières amours : le dessin et la peinture. Son dada. Chez elle, les tableaux et autres portraits ont repris toute leur place.
Étudiante, elle avait décroché un diplôme d'arts visuels appliqués à l'école Saint-Luc, à Tournai. Elle projetait de rejoindre la capitale pour tenter sa chance comme styliste. Pas du goût de son compagnon de l'époque. Elle sera éducatrice de rue. Un jour, elle découvre les métiers de l'armée de l'air et se lance. Une bonne expérience. « J'ai appris à marcher au pas ! plaisante-t-elle. Le plus dur, c'était de devoir enlever mes bagues et de me passer de maquillage. » Mais elle ne perd pas ses crayons... Entre deux plans de vol, elle dessine le logo de l'équipe de foot, donne de la couleur aux cartes de voeux, croque le portrait de ses collègues... En 2007, la fermeture annoncée de la base et un divorce lui font prendre un virage à 180° C. Grâce à une subvention de l'armée qui a accompagné sa reconversion, Natacha effectue un stage sur la création d'entreprise. Elle troque son uniforme pour la blouse d'artiste peintre. Et ouvre sa société de décoration intérieure spécialisée dans le pop art, A.t&C.o. Son truc ? Les portraits d'enfants, et d'artistes. Ça cartonne. Les expos se multiplient. Le bouche-à-oreille tourne à plein. Un restaurant de Somain lui commande une fresque sur la tour de Pise, puis une école, la friterie du coin, le fleuriste... Et, début 2009, l'hôpital de Valenciennes, grâce à un client conquis. Aujourd'hui, des dizaines de mètres de fresques ornent les murs du service de chirurgie infantile. Des chambres au secrétariat. Histoire de « dédramatiser » le trajet jusqu'au bloc opératoire. De mettre un peu de couleurs. Une invitation à la rêverie... et au jeu ! Dans la salle de bains, le dessin d'une plage où se sont perdus étoile de mer et coquillages. « Le moment des soins peut être très douloureux. Quand l'esprit de l'enfant est occupé, il y pense moins. »
Elle parle d'une expérience « unique et enrichissante » avec les enfants. « Certains voulaient peindre avec moi. La condition, c'était qu'ils fassent d'abord leurs soins. Un jour, je les ai tous retrouvés en train de m'attendre dans le couloir. » Lila, une petite fille de 7 ans atteinte de diabète, a retrouvé le sourire. « Elle traversait le couloir tous les matins pour venir me voir. Un jour, avant de partir, elle m'a dit : " C'est grâce à toi que je suis guérie. Plus tard je porterai la même blouse ! " Elle est repartie avec ma blouse pleine de peinture. Ses yeux étaient plein d'espoir... » Très vite, le bon virus s'est propagé dans les autres services : pédiatrie et ambulatoire. Les portes ouvertes du service de chirurgie infantile, mercredi, lui ont donné un bon coup de projecteur. Les contrats se multiplient. À Cambrai pour le service de pédiatrie et à Maubeuge. Et peut-être, bientôt, à l'hôpital Necker, à Paris. Un atterrissage comme elle en avait rêvé... •